La santé de l’économie auboise dépend certes de décisions prises par l’Etat, divers organismes interétatiques, des sociétés multinationales, etc., mais également de décisions prises par les entreprises locales.
Depuis toujours, l’environnement des entreprises a évolué. Elles ont été obligées de s’adapter pour survivre. La nouveauté, maintenant, est que les changements sont plus rapides et que l’environnement économique est plus complexe.
Pour les entreprises, cette situation augmente la difficulté d’y voir clair en matière d’approvisionnement, de fabrication, de commercialisation, de marketing, de vente, de ressources humaines, de recherche et développement, etc. Quelles que soient leurs tailles, elles ont besoin maintenant de nouvelles méthodes de gestion et de management.
Plusieurs méthodes existent, préconisées par le monde académique ou par les consultants. On objectera avec raison qu’aucune ne peut remplacer la compréhension concrète, sensible et intuitive qu’un dirigeant a de son activité. Mais, en complément de cette compréhension particulière, de nouvelles méthodes sont indispensables, notamment parce qu’elles fournissent des données objectives, ce qui renforce la qualité des décisions. Bien entendu, comme les faits vont parfois plus vite que les idées, quelques entreprises hésitent à changer. Elles campent sur des habitudes dépassées, ce qui compromet leur avenir. La réalité est que ces entreprises doivent se donner les moyens d’évoluer rapidement. Autrement dit, elles doivent être plus agiles.
Pour cela, le numérique est devenu une aide précieuse puisqu’il raccourcit le temps et l’espace. De plus, il facilite l’accès immédiat à des connaissances naguère cloisonnées. Il permet en outre de s’affranchir d’intermédiaires. Mais il donne aussi à de nouveaux acteurs la possibilité de capter du profit au détriment des entreprises en place.
La métamorphose de l’entreprise est en cours : le nombre de niveaux hiérarchiques y diminue et on y libère les initiatives ; même de petites entreprises s’internationalisent ; des produits et des services sont conçus en collaboration avec les clients ; l’auto-entreprise se développe. L’actualité d’un nombre grandissant d’entreprises s’exprime désormais avec des mots dont l’usage était pratiquement inexistant il y a peu : l’impression 3D, les fab labs, les nanotechnologies, les biotechnologies, les silver-technologies, le financement participatif, le big data, les chatbots ou encore la blockchain…
Rappelons enfin combien il est important que, dans ce monde qui change, l’économie reste au service de l’intérêt général. Il est donc nécessaire que les entreprises gardent une conscience aussi complète que possible de leurs responsabilités en ce domaine.
Michel Lapeyre
Ces dix dernières années ont vu notre contexte économique, technologique et environnemental se métamorphoser : exigences croissantes des clients et actionnaires, mondialisation de la concurrence et des échanges, diminution du cycle de vie des produits, explosion des technologies numériques, raréfaction des ressources, réchauffement climatique…
Nous ne traversons pas une crise, nous sommes à la croisée de deux mondes ! L’ancien monde, celui de la productivité, des procédures, des efficiences individuelles, du management pyramidal centralisé, du cloisonnement des fonctions, nous laisse pour héritage un impressionnant cortège de règles de gestion, de décision et de management, d’indicateurs de performance et de modèles d’organisation. Ces mécanismes ont démontré leur efficacité dans le monde laminaire et prévisible dans lequel et pour lequel ils ont été élaborés, mis au point et perfectionnés. Ils montrent cruellement leurs limites dans ce monde turbulent et incertain où nous nous installons durablement.
Malheureusement, on abandonne difficilement une « martingale » qui a donné pendant plusieurs décennies des résultats plus que satisfaisants. Pire, la croyance en l’efficacité déterministe de ces modèles de performance est telle que l’on s’évertue actuellement à les pousser dans leurs derniers retranchements, avec l’éternel espoir de retrouver les niveaux de performance auxquels ils nous avaient habitués. C’est précisément cette boucle de rétroaction positive (l’effet amplifiant la cause) qui régit actuellement nos organisations avec les conséquences que l’on sait. Et comme le disait Albert Einstein « il est illusoire de vouloir résoudre une difficulté avec les mécanismes qui en sont à l’origine ».
Il est donc aujourd’hui urgent et vital de repenser en profondeur notre approche des organisations et de leur performance afin de retrouver des boucles vertueuses, en basculant vers un paradigme du « toujours mieux » (agilité, durabilité), de la performance globale et multidimensionnelle (économique, environnementale, sociétale), et de la compétitivité valeur : nous ne serons plus jamais les moins chers, nous sommes donc condamnés à être les meilleurs !
Nous nous engageons actuellement dans de nouveaux programmes de transformation digitale, ce qui constitue une formidable opportunité à condition toutefois de ne pas reproduire les erreurs du passé et de remettre cette fois en question nos modèles de performance, de proposition de valeur et d’organisation : le digital n’est pas la dernière manière de faire la même chose, c’est la première manière de faire autrement !
Par ailleurs, la raréfaction des ressources naturelles et des énergies fossiles, le réchauffement climatique nous imposent de prendre en compte dès à présent la dimension environnementale dans nos nouveaux modèles de performance et de décision. Pour cela il convient de revenir aux origines historiques, culturelles, sociétales, économiques et technologiques de nos modèles d’organisation actuels afin d’en comprendre les fondements et les justifications pour ensuite prendre conscience de leur parfaite inadéquation à notre monde actuel.
A partir de là, il devient possible d’explorer de nouvelles voies adaptées à notre contexte économique et technologique pour aborder nos organisations avec un œil neuf, en challengeant les usages en place, pour imaginer d’autres schémas, d’autres relations. Il convient en effet véritablement de nous affranchir de tout notre héritage du passé pour pouvoir envisager les nouvelles bases de l’organisation et du management du 21ème siècle.
Les nouveaux managers devront donc être en mesure de remettre en question les modèles et schémas actuellement en place dans leur entreprise ; ils devront pouvoir appréhender la complexité croissante de leur marché dans une approche globale ; ils devront pouvoir introduire dans leur organisation une vision systémique et partagée par tous de l’entreprise, de sa finalité et de sa responsabilité. Pour cela un décloisonnement des connaissances et des disciplines sera indispensable. Comme le dit Edgar Morin, « Les problèmes fondamentaux et globaux nécessitent de réunir des connaissances qui, jusqu’à présent, ne peuvent être réunies. Ce cloisonnement des disciplines nous aveugle ! ». La clé de réussite de l’entreprise de demain sera donc sans aucun doute la transdisciplinarité et il sera vital d’aborder de façon concertée ses cinq domaines majeurs :
- Stratégie et business model
- Contrôle de gestion
- Chaîne de valeur
- Management des organisations
- Technologies numériques
Ces disciplines primordiales de l’entreprise sont abordées actuellement de façon cloisonnée, les technologies numériques y étant déployées localement avec le plus souvent comme unique volonté d’automatiser ou d’améliorer les processus et règles de fonctionnement en place. Le but est donc de faire sauter ces cloisons, ce qui est justement rendu possible aujourd’hui grâce au numérique, et de redessiner les processus dans une approche globale et dans ce nouveau contexte technologique. Pour chacun de ces piliers, l’allocution proposée abordera ainsi les aspects suivants :
- État de l’art des usages et pratiques actuellement en vigueur
- Origines historiques de ces pratiques (contexte économique, technologique et sociétal)
- Limites de ces usages et méthodes dans le contexte actuel
- Exploration des pratiques et modèles émergents
José Gramdi
Biographie du conférencier